Je sers à rien : Par Akioh

Publié le par PolemiKe

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Je sers à rien !?

Un très très gros paradoxe auquel on est tous inévitablement confrontés.
J'entend souvent des phrases du genre "je fais tel boulot, ce boulot sert a rien, donc je suis égoïste".

Ya une espèce de sentiment de culpabilité ou de complexe d'infériorité qui se met souvent en place dans la tête des gens, comme si il y avais des emplois utiles et d'autres pas.
Le meilleur exemple est celui de la médecine, c'est le boulot qui du point de vue de l'accomplissement personnel fais le plus rêver. C'est une situation ou on est amené apparemment a sauver des vies, ce qui équivaut à une interaction très forte avec notre environnement, d'où cette impression je pense, qu'on est "utile".
Quand on fais une activité qui n'a a priori pas d'impact direct sur notre environnement, on imagine que ça sert fatalement à rien.

Quand on est petit, on fantasme beaucoup sur des boulots comme Pompier, policier...il y a cette idée que l'on fais là aussi un travail qui a un impact réel sur le monde qui nous entoure, on sauve des vies en s'engouffrant héroïquement dans les flammes, ou on est un agent du système, là pour le servir et le protéger.




Donc à contrario, on a des métiers qui semblent (ou qui le sont effectivement) moins valorisants, à ce moment là on se dit qu'on est plus ou moins inutile dans ce monde, qu'on accomplit pas de cosmogonie ou que sais-je encore  Souriant

Le philosophe Albert Jacquard fais la distinction entre Rôle et Place.

Une place serait l'équivalent d'un poste, on est dans une situation ou on nous demande d'abbattre un quota de travail, et à ce moment là on sera rémunéré.

Un rôle serait plus un jugement de valeur, je fais ça parce qu'on en a besoin, et non pas en fonction d'un loi abstraire d'offre et de demande, de fluctuations boursières. Je fais ce travail parce que c'est mon rôle de le faire, on en a besoin et si je ne suis pas là pour le faire alors cela représentera une perte pour les autres.

Dans cette société fonctionnant sur le modèle capitaliste qui est la notre, n'est il pas hors de propos d'opérer à un jugement de valeur sur ce qui s'apparente apparemment à être une place ?


Puisque chaque personne au travail représente un maillon d'une grande chaine qui se veut en compétition mondiale, est il vraiment le bienvenue d'intégrer là des idées d'utilité ou d'inutilité ?

Un mêtier n'est il pas avant tout un moyen d'occuper les gens (maintenir l'homme a une occupation et il n'aura pas le temps de trop déconner) ?


N'est il pas aussi plus un moyen de subsister (en s'intégrant dans une logique économique plus vaste qui nous entretiens) ?

Je pense qu'il est complètement hors de propos d'essayer de donner du sens à son travail dans une société capitaliste, quoi que l'on puisse moduler son emploi pour arriver à un but précis. Je connais une proche qui bosse un petit diplome en plus de celui qu'elle a d'infirmière pour bosser en médecine tropicale, ce qui permet d'aller vadrouiller a droite a gauche sur le globe pour aider ceux qui en ont besoin.
Donc à nuancer bien sur, car dans ce cas là c'est la recherche de sens qui motive la direction prise par l'emploi.
Peut être est ce pareil pour la médecine finalement ?
Arf je m'emmêle -___-'


J'imagine que pour la médecine il faut tout de même beaucoup s'instrumentaliser dans ses études, au final on intègre de nombreux protocoles qui font que ça sauve des gens, mais c'est le genre de boulot que pourront faire un jour des machines... On en est pas encore à automatiser les médecins mais, je crois pas que ça ait nécéssairement plus de "sens" de simplement constater que lorsqu'on fais tel emploi, l'effet en est qu'on sauve des gens. On reste dans une logique économique, et un médecin est beaucoup mieux payé que la moyenne (ça peut être aussi une bonne motivation). De plus les études sont loin d'être accessible a tout le monde, est il donc normal de se sentir inférieur parce que l'on est moins apte a intégrer (mécaniquement j'ai envie de dire) de très nombreuses notions ?


Mista' House ne cherche pas de sens à son existence, mais il n'existe pas non plus en dehors de son travail. Il n'a que ça.


Pourquoi essayer de donner un sens à sa vie à travers son travail, n'est ce pas plutot impérativement en dehors qu'on peut le trouver ?


Le seul domaine qu'il me parait important de nuancer est celui d'artiste.

"J'ai vu des choses que vous autres ne pourriez croire"

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L'artiste est capable de se mettre a distance de sa société, il crée du sens et propose des visions de son univers aux autres. Il n'obéit pas en premier lieu a une logique économique (même si c'est ça qui lui permet d'exister paradoxalement), mais il peut se prostituer en adoptant les lois du système pour plus tard le démolir.
L'artiste et le philosophe, eux recherchent et créent le sens a travers leur productions.
Peut être que c'est ce genre de travaux qui ont du sens,

mais faut il encore parler de travail a ce moment là ?
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Réponse d' Alast :

Je te trouve un peu extreme sur les bords. Est ce parce que au niveau global un travail quelqu'il soit (enseignant, medecin ou vendeur de smarties) n'est qu'un des rouages du géant mécanisme capitaliste qu'au niveau individuel on ne doit pas y trouver un sens moral ? Un métier ne doit pas etre uniquement utile a la société mais bel et bien a l'individu lui meme, il doit satisfaire ces deux spheres, bien entendu que n'importe quel travail est utile a la société (enfin ... presque certainement) mais celui qui le pratique doit s'y sentir proche au niveau individuel et pas forcement se fondre dans le fonctionnement economique de la patrie pour y trouver un sens.
De meme pour medecin, je ne vois pas pourquoi des machines pourraient aisemment remplacer des humains, dans les competences oui, peut etre (effectuer une ecriture classique d'un script aussi une machine peut le faire), mais tu oublies plusieurs choses :
- 1 le rapport humains (ouai je sais ca fait couillon surtout que moi plus vite c'est fait plus vite je suis content de me barrer), mais tout le monde n'est pas misanthrope ou asociale, et l'on entretient souvent des relations avec les medecins réguliers (meme si cela reste dans le cadre des rencontres professionnels). C'est pas pour rien que les mémés vont souvent chez le medecin pour qu'on leur dise qu'elles ont besoin d'un aspirine, c'est pas l'aspirine qu'elles veulent, c'est avoir un rapport humain et que quelqu'un entende leur plainte (la je compati, mais en fait je serait plus du genre a les attendre en blouse, sur le bureau, tronçonneuse a la main).



- 2 encore une fois au niveau de l'individu, c'est pas parce que son travail peut etre appris dans la théorie par une machine que cela ne peut pas etre valorisant au niveau personnel, puisque ce qui l'attire (quand c'est pas le salaire ou l'infirmiere a culbuter entre deux mioches qui ont la diarrhée) c'est bel et bien utiliser ces connaissances dans le cadre de relation avec autrui (ce dont se contrefoutrais une machine).

J'aime pas trop cet mise sur un trone de l'artiste comme quoi ce serait le seul qui puisse se mettre en recul et etre utile autrement que économiquement, en premier lieu. Déja parce que beaucoup d'artiste font ca pour gagner des pepetes, mais en plus c'est dénigré tout le sens humains que l'on peut donner a tout les autres jobs, aussi important selon moi que l'artiste, sauf que cela s'effectue a une echelle plus petite. Ce qui trompe, c'est que économiquement la voie d'artiste est plus risqué, donc normalement, ceux qui s'y investissent sont plus passionné puisque c'est plus risqué, et donc ne font pas ca que pour des raisons économique. Et que au contraire des filieres ou l'argent est assuré, on dit que les autres font ca pour le pognon (ce qui est en partie vrai). Mais qu'il s'agisse d'un artiste ou d'un medecin, ils ont tout les deux un rôles a joué au niveau humain, moral, tout ce que tu veux, autre qu'économique ou que purement mécanique. Maintenant il y a des degrés bien sur.
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Réponse de N0N4M3 :

La sublimation les amis ... la sublimation ...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sublimation
Citation
# en psychologie ou en psychanalyse, la sublimation est la transposition d'une pulsion en un sentiment supérieur. Cette notion est fondamentale dans la psychanalyse de l'art.

Où pour rester dans le sujet, si votre médecin est médecin, c'est peut être qu'il sublime (très bien) ses pulsions sadiques.
Du coup la mémé à la tronçonneuse c'est tout de suite plus cohérent.
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Réponse d'Akioh

Lancer un point de vue extrémiste permet une réponse plus passionnée en face =)

Citation
bien entendu que n'importe quel travail est utile a la société (enfin ... presque certainement) mais celui qui le pratique doit s'y sentir proche au niveau individuel et pas forcement se fondre dans le fonctionnement économique de la patrie pour y trouver un sens.
T'es presque extrême dans l'autre sens
Non je vois pas ce qui présuppose que chaque travail est utile à tout prix, vu que passé un certain niveau, la plupart des mêtiers pourraient être potentiellement remplacés (et vu qu'on se dirige graduellement vers ça ça me parait important de lancer le débat) mécaniquement.
C'est pas la même chose pour un script justement, parce que ça fais appel a des capacités autre que l'abattage d'un cota de travail, même si certains scripts peuvent paraître écrits a la chaine, mais le travail d'un cinéaste ne se limite pas à ça que je sache.
Peut être faut il distinguer le fait de trouver le sens par soit même et le fait que l'activité ait un sens par nature, ce qui est différend.

Donc j'adhère bien a cette idée de degrés donc tu parlais plus haut, mais je trouve qu'on laisse un peu trop vite de côté le fait que dans une logique économique plus large, il y ait pas mal de contradictions qui se mettent  en place : comme le fait de lancer une grève ou un pétition admettant qu'il est injuste de supprimer des postes, mais dans cette logique économique plus large a ce moment là qu'est ce qui est juste ou injuste ?

Si ces emplois ne sont que le fruit d'une offre et d'une demande, on peut y trouver tout le sens que l'on veut(on est d'accord), mais c'est pas pour ça que cette morale aura une répercussion sur le fait qu'a un moment donné on se débarrasse des gens qu'on peut remplacer par une caisse électronique automatique.
Dans quel mesure peut on alors dire que c'est profondément injuste, puisqu'on se soumet a ce genre de système (et que l'on vote tous les 5 ans pour le maintenir) ?

Il y aurai le niveau de lecture moral directement lié aux individus et un niveau de lecture utilitaire lié a la société marchande.

Donc j'insiste sur la distinction entre rôle et place, car même si on peut trouver du sens dans ce que l'on fais(trouver du sens dans sa place), on est pas dans une logique ou le travail lui même est garanti comme "utile"(avoir bel et bien un rôle). Il répond simplement à autre chose au niveau économique.
Pour ce qui est des artistes je me suis allègrement emporté parce que la personne en question qui m'avais dit la phrase qui sert de débat avait précisément dit "je veux être artiste, je suis égoïste ça sert a rien, j'aurai dure faire médecine" et ça m'avais un peu apeuré.
Mais si on repart sur cette idée de rôle et de place, sans mettre a tout prix l'artiste sur un trône de quinze cent mètres d'altitude, il me semble que la fonction artiste reste à la fois un rôle (l'artiste à une fonction intemporelle qui ne saurait devenir obsolète), et a la fois une place (car soumise à des lois économiques plus vastes, on n'est artiste que lorsqu'oon gagne sa vie de celà, en tout cas que l'on est rémunéré) là ou la plupart des emplois seraient avant tout des places, des places auxquelles on crée un sens cela dit.

Des fois je ressens ça comme un phénomène de double pensée ou les gens dans leur fort intérieur rejetteraient de but en blanc le capitalisme(grèves, indignation morale), n'acceptant pas cette façon d'instrumentaliser des gens qui ne demandent qu'a trouver du sens dans leur métier. Et d'un autre côté on en fais les louanges, n'admettant pas une seule seconde quoi que ce soit d'autre. Ya pour moi là une contradiction évidente, qu'on essaie d'amoindrir mais qui en tout logique ne saurait disparaitre.
Donc on a pas résolu la question (non pas que ce soit possible, mais ya plus a dire  Sourire)
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Réponse de Samsara :

Qui va fabriquer les machines qui écriront des scripts ?
Qui va fabriquer les machines qui fabriqueront les machines qui écriront des scripts ?
Qui va fabriquer les machines qui fabriqueront les machines qui fabriqueront les machines qui écriront des scripts?

Dans l'absolu, un travail/boulot ne sert qu'a pouvoir subsister materiellement, comme la chasse et la ceuillette de myrtilles il y a 5000 ans en europe. Evidemment c'est un point de vue extrèmenent simpliste, mais en gros, c'est ça.

Ah, le sentiment d'être inutile si on n'est pas entrain de recoudre les poumons d'un mioche qui s'est tapé trois mines en somalie.
La maman qui te dit de mettre un pull n'a t elle pas plus de mérite que le médecin qui soigne ton pneumonie ?
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Réponse d'Akioh :

Citation
Qui va fabriquer les machines qui écriront des scripts ?
Qui va fabriquer les machines qui fabriqueront les machines qui écriront des scripts ?
Qui va fabriquer les machines qui fabriqueront les machines qui fabriqueront les machines qui écriront des scripts?
Une minorité pleine aux as, et 95% du reste de la population crèvera dans son caca.

Citation
Dans l'absolu, un travail/boulot ne sert qu'a pouvoir subsister materiellement, comme la chasse et la ceuillette de myrtilles il y a 5000 ans en europe. Evidemment c'est un point de vue extrèmenent simpliste, mais en gros, c'est ça.
Je sais pas tu vois. Si on cueille des myrtilles parce que la tribu en a besoin, on pouvait peut être parler de "rôle" ? , mais à contrario faire un boulot en fonction des fluctuations de l'offre et de la demande et ou le travailleur est potentiellement remplaçable par n'importe qui pouvant accomplir le même boulot, on parle plus de place non ?

On en parlait avec Alast en soirée, il me parlait d'un de ses camarades renoncant a la réalisation (dans le cinéma) parce qu'on lui avais dit que c'était difficile. Donc le gars abandonne parce qu'on ne lui promet pas "une place confortable". il me semble que cinéaste c'est plutot un rôle et une éxigence qu'on se fixe à soit même. C'est difficile parce que justement on se fixe soit même des contraintes (par conscience professionnelle ?) pour pondre quelque chose de qualité, qui ait quelque chose a dire (/montrer).
COmme dit Guillermo Del Toro : « Faire des films nécessite trois choses : une vision, de la Foi et des couilles. Trois choses qu'Hollywood connaît assez mal ».
A côté de ça le ptit qui renonce a l'avance parce que "ça va être difficile", on sent qu'il sort de 18 année au sein de l'éducation nationale...il s'agit pas de notions de débouchés et de confort.
Je me sent vraiment paumé dans tout ça je n'affirme rien a graver dans la pierre. Mais je sens bien que je comprend mal comment c'est censé fonctionner. Que de questions...
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Réponse de neko :
Citation
Je sais pas tu vois. Si on cueille des myrtilles parce que la tribu en a besoin, on pouvait peut être parler de "rôle" ? , mais à contrario faire un boulot en fonction des fluctuations de l'offre et de la demande et ou le travailleur est potentiellement remplaçable par n'importe qui pouvant accomplir le même boulot, on parle plus de place non ?
En même temps, les gonz quand ils se sont retrouvés à 80 à cueillir des myrtilles ils ont commencé à se dire "hey, si on en mettait la moitié à cueillir des bananes pour changer un peu le repas de midi ?"
Et puis petit à petit il se sont apperçu qu'on avait pas besoin d'être mille à cueillir des myrtilles et que c'était un peu moins con de "partager" les tâches (avec, s'ils étaient pas trop cons, une "sélection" des meilleurs cueilleurs de myrtilles et de bananes)
A ce moment là, je vois pas la différence avec ce qu'il se passe aujourd'hui ?

On est juste plus nombreux, donc la sélection est plus "drastique".
Le mec qui abandonne parce que c'est trop difficile, en soi c'est un aveu que "ouais, je suis pas le meilleur cueilleur de myrtille, je vais voir s'ils veulent de moi dans l'équipe des bananes"
Citation
Faire des films nécessite trois choses : une vision, de la Foi et des couilles. Trois choses qu'Hollywood connaît assez mal
A ce moment là tu peux appliquer ça à n'importe quoi.
"Faire un métier nécessite 3 choses : une vision, de la Foi et des couilles. Trois choses que nos citoyens connaissent assez mal."

Le mec qui veux faire neurochirurgien, il a intérêt à croire fermement qu'il peut y arriver pour arriver au bout... Sauf qu'on découragera pas un chirurgien de le devenir parce qu'on a en besoin, du fait que pour 4 gonz qui veulent entrer en médecine t'en a 5000 qui veulent entrer en design...
Alors bien entendu c'est une question d'offre et de demande, mais même dans une société communiste "un gars à chaque point", a dépend de ça !
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Réponse de N0N4M3 :
Alors qu'est ce que le rôle dans tout ça ?
Si je ne travaille pas, alors quelqu'un d'autre le fera.
N'est ce pas justement ça la question ? Les nombreuses délocalisations, le plein emploi, les démissionaires qui acceptent de ne plus se battre pour avoir un boulot qui paye aussi mal que le RMI ...
On parle d'un travail qui serait facilement remplaçable par une machine, n'oublions pas qu'actuellement, les ateliers de manufactures des pays les plus pauvres emploient des travailleurs humains pour la seule raison qu'ils coutent moins cher qu'une machine !
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Votre réponse :
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