la question "qui suis-je" admet-elle une reponse exacte ?

Publié le par PolemiKe


Dans la section :  Des pistes de réflexions sur les paradoxes qui vous tourmentent
On part d'un paradoxe (qui peut être un sujet de dissertation de philosophie) et on en parle ensemble, on apporte chacun nos arguments et on construit quelque chose ensemble.

Le sujet du jour est dans le titre : la question "qui suis-je" admet-elle une reponse exacte ?

Diakun : sur un autre forum :

bonjour j'ai ma toute premiere dissert de philo a rendre et je ne voit pas du tout comment repondre au sujet que voici:

La question "Qui suis-je" admet-elle une reponse exacte?

pouvez vous m'aidez s'il vous plait

merci d'avance


Votre Grand gourou : moi même :D

En premier lieu j'aimerais préciser qu'il ne s'agit pas de "répondre" à une question dans une dissertation de philosophie, mais plutôt d'explorer des pistes de réflexions et de noter sa démarche sur feuille en y donnant des exemples, pour enfin trouver une ouverture décente.
La question "qui suis-je" ne peux en aucun cas être exacte, puisque le terme même est profondément en contradiction avec la notion de personnalité (par définition changeante)
Posons nous donc les quelques questions suivantes :

Nous sommes en constante évolution, pouvons nous dire que nous sommes une chose bien définie dans ce cas ?
Dans les Sciences humaines, une des principales difficulté auquel on se confronte est l'objet d'étude : l'humain, puisqu'il varie et ne représente souvent qu'un instant T dans un environnement E d'une personne P.
Carl Rogers dans "Le développement de la personne" insiste sur la prise de conscience que nous ne sommes pas des individus figés dans un comportement précis, que nous soyons capables d'évolution et décrit le cheminement logique de l'individu à s'épanouir dans cette prise de conscience des sentiments variables qui le traverse.
Georges Canguilhem, père de l'épistémologie moderne lui, insiste sur la notion de normalité ou non et conclut que la normalité réside dans "le pouvoir de tomber malade et de s'en remettre", la normalité est aussi décrite comme une aptitude à l'adaptation et au changement, d'une liberté.
Alberto Giacometti, sculpteur et peintre tient les paroles suivantes "le sujet semble évoluer plus vite que je ne le représente." et exprime ainsi sa frustration de ne pouvoir construire son œuvre d'art de manière à ce qu'elle représente exactement la personne/sujet au moment ou il l'a commencé. De son travail toujours inachevé est né le mouvement du déconstructionnisme. (il me semble)
De cette sorte, comment se décrire aussi rapidement que nous changeons ?
Le terme "exacte" n'admet pas la nuance, peut on réellement être exact dans quel que description que ce soit.

La question "qui suis je" est fréquemment posée et décortiquée par des psychologues consultants pour DRH, car il s'agit de savoir ce que l'individu pense de lui même et non de savoir qui il est.
La question qui suis-je se pâme donc d'un nouveau problème : la subjectivité.
Peut on se décrire objectivement tandis que notre inconscient refoule certaines parties de nos êtres parfois tellement violemment que Freud en soit contraint d'écrire "Les résistances à la psychanalyse"



Admettons que les voyages dans le temps soient possibles, il en résulterait un univers pour chaque fraction de secondes et de même manière un univers pour toutes les situations possible qui soit
Exemple : si vous jouez au loto, il existerait forcement au moins un univers ou vous en seriez le gagnant, démultiplié par toutes les fractions de secondes de cet univers.
Il existerait donc une infinité d'univers (lié aux situations possibles) multiplié par une infinité de ce même univers possible résultant des fractions de secondes possibles de ces univers.
Imaginez maintenant le concept de téléportation disponible aux humains.
E=mc2 : la matière peut devenir lumière, la lumière peut être transportée à vitesse maximale (300 000km/s) et par la suite retransformée en matière.
Le procédé implique donc que la matière soit détruite pour en faire de la lumière.
Si un humain passait dans ce genre de machine, son corps et son esprit serait détruit et reconstitué à un autre endroit à l'identique.
L'humain fraichement reconstruit aurait donc la mémoire de s'être engouffré dans la porte des étoiles, la conscience d'en être sortit indemne : pourtant, si vous passez par une de ces portes,l'individu qui en ressortira ne serait qu'un clone exact de vous, en aucun cas vous même; vous, vous auriez été détruit afin de transformer votre matière en énergie.
Vous êtes mort et un clone de vous, croyant être vous, s'empare de votre vie qui est aussi la sienne, puisque biologiquement; il est vous !

Quel différence y a t il entre cette expérience et celle citée plus haut.
Dans tous les cas il s'agit de possibilités et non de votre propre personne.
Par ce raisonnement nous pouvons encore étayer la théorie première : nous changeons à chaque instants. La question la plus importante à se poser est maintenant celle ci :
Si je change à chaque instant (en prenant conscience de changer à chaque instant par exemple) je ne peut être le même que l'instant précédent, et donc je ne suis qu'un individu modifié ayant conscience d'être quelqu'un que je ne suis plus.
Et comme dirait David Hume : "l'objet n'est pas le même si l'on change une de ses parties" en effet, comment dire après avoir changer de pneu de voiture que j'ai la même voiture ?
De même manière, puis je trouver une réponse à la question qui suis je ? Si ce n'est un assemblage de choses et d'autres prises ici et là se dégradant et évoluant en permanence.


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kumazsp:
Serait-il, dans ces cas là, pertinent et juste, de définir un "je" dans la répétition des changement, ou alors un "je"  le plus étriqué possible au point de ne prendre que la partie in-changeante et donc de pouvoir répondre a ce genre de question? (j'ai bien compris que l'enjeu ici était de trouver des pistes de réflexions, mais je voulais seulement savoir si ce raisonnement n'est pas erroné)
 Ne nous définissons nous pas non plus par nos gènes?
Le fait de ce transformer en lumière pour ce retransformer ensuite en matière nous change t-il vraiment? On ne fait que passer d'un état a un autre, et re a l'état initial... A part la localisation du lieu ou l'on réapparait c'est bien le lumière issus de notre désintégration qui sert a nous réintégrer? D'autant plus si la mémoire est préservée! Dans ces cas là pas la peine de prendre un exemple de science fiction tenons nous en a la réalité: nos cellules ce régénèrent chaque jours dans toutes les parties de notre corps. Ce qui a mon sens reviens au même sachant que l'on utilise des vecteurs extérieurs pour que nos cellules ce renouvelles comme la nourriture. des cellules qui sont nous en meurent, disparaissent et d'autres réapparaissent grâce au nutriments que l'on a ingéré et qui composent cette nouvelle cellules, nutriments qui ne sont pas les mêmes que ceux présent dans la cellule morte...ou cela est certes grandement simplifié mais dans ces cas là je trouve que cela llustre bien le changement perpétuel.
 En revanche je ne vois pas le problème de ne répondre qu'a un instant  T, et je ne vos pas ce que le fait d'être subjectif fausse la réponse puisque pour celui qui répond vit sa réponse comme une réalité?
  Je n'ai probablement pas étais assez rigoureux dans mes raisonnement et je n'ai peut être pas su lire entre les lignes. 
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neko
en gros, de l'eau sous état de glace, de vapeur ou de liquide, ça reste de l'eau ='_'=
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N0N4M3 : Votre serviteur :
Citation de kumazsp
Serait-il, dans ces cas là, pertinent et juste, de définir un "je" dans la répétition des changement, ou alors un "je"  le plus étriqué possible au point de ne prendre que la partie in-changeante et donc de pouvoir répondre a ce genre de question?
La logique de la question est bonne et mérite que je persévère dans mes explications qui manquent effectivement de précisions sur certains points, faute d'avoir un lectorat assidu on se ramollit !
Donc effectivement nous pouvons nous définir d'une manière qui comprenne les états que nous pouvons connaitres.
On dira que nous sommes humains. Qui suis je ? je suis humain ... oui mais voila, le problème avec les notions si peu définies et si vastes c'est que finalement tout le monde s'en fout puisqu'elles semblent évidentes.
Mais comme certains défenseurs des sciences dures pourraient dire en critiquant les sciences sociales : Les humains ne se laissent pas piéger dans des concepts et des définitions; il ne peut y avoir de dictionnaire des dictionnaires. (c'est à dire : les mots que nous employons seront toujours insuffisants, et de toute façon ils possèdent un sens différent ( au moins très légèrement) pour chacun de nous. 
Donc parler de soi serait de toute façon une manière d'évoquer des choses qui ont du sens pour nous mais pas forcement pour les autres, ou au pire, un autre sens.


Citation de kumazsp
Ne nous définissons nous pas non plus par nos gènes?
On le pourrait effectivement s'ils représentaient ce que nous sommes, le principal problème avec cet exemple c'est à mon sens que les gènes ne déterminent pas qui nous sommes mais des possibilités qui s'activent ou non.
Dans ce cas là, autant dire : Je suis issu du hasard et pas si différent d'un singe ou d'une drosophile.
Mais j'aimerais que tu développe davantage cet aspect de ta pensée, car une fois sortit du contenu politiquement acceptable d'insérer dans une dissert de philo (parce qu'on est d'accord que de répondre la réponse ci dessus dans une dissert ne peux pas constituer une thèse entière) on pourrait en sortir des pistes très intéressantes et pourquoi pas créer un axe de pensée nouvelle qu'on appellerai "théorie oursonne à défaut d'autre nom".

Citation de kumazsp
Le fait de ce transformer en lumière pour ce retransformer ensuite en matière nous change t-il vraiment?
Le fait de se faire détruire et recomposer s'il n'y a pas de perte en route bien sûr ne modifie strictement pas notre structure corporelle ni même notre structure cérébrale, puisque nous serions recomposés plus loin à l'identique.
Oui mais voila; NOUS, nous sommes détruits, et la personne qui ressort de l'autre coté; si le monde entier peut l'appeler par notre nom, n'est qu'un clone parfait de nous même conçu à partir du moment ou nous étions en train de nous décomposer en énergie.
Nous avons donc conscience de nous même mais pas de notre clone exact.
Imaginons un système ou notre matière ne serait pas détruite mais simplement analysée et restituée atome par atome pour fabriquer un autre nous même. Aurions nous DEUX consciences ? La notre et celle de notre clone ? Ou aurions nous la notre et notre double la sienne (qui paradoxalement est une réplique identique de la notre).

Tu soulève ensuite le problème du renouvèlement cellulaire comme perte de soi; et c'est précisément ou je voulait en venir dans mon paragraphe; nous sommes des êtres en perpétuel changement et techniquement parlant, les modifications que nos corps opèrent ne sont pas si différentes de celle que ferait une porte des étoiles, à la différence près que nous ne sommes pas détruits mais progressivement modifiés, impliquant de ce fait la destruction de parties de nous.
Selon Hume, nous ne sommes pas les mêmes, mais pour ma part, je préfère tout de même la perspective de changer une roue de ma voiture tous les ans plutôt que l'usine me revoit exactement la même à chaque fois qu'elle crève.
Et je suppose que si les objets avaient une conscience et pouvaient se révolter, la société de consommation actuelle (l'ordinateur qui devient obsolète tous les 6 mois) ne tiendrait pas longtemps.

Et pour illustrer cette pensée, je vous enverrait tous autant que vous êtes en salles obscures regarder le très bon "Le prestige" de Nolan



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kumazsp :

Citation de N0N4M3
Imaginons un système ou notre matière ne serait pas détruite mais simplement analysée et restituée atome par atome pour fabriquer un autre nous même. Aurions nous DEUX consciences ? La notre et celle de notre clone ? Ou aurions nous la notre et notre double la sienne (qui paradoxalement est une réplique identique de la notre).


La réponse est que si ce clone est exactement notre copie conforme a un moment T, il n'est plus le même a l'instant T+1, tout comme l'autre, mais d'une manière différente en plus, puisque ils analysent chacun la situation de leur point de vue respectif et donc ne sont plus comparable puisque différent.
Me trompes-je?
En ce qui concerne la théorie plantigrade, elle sera développé ultérieurement! je ne voulais pas répondre ce soir pour dormir plus tôt mais je me fais piéger par d'autres broutilles et me voila a minuit devant mon écran, mais il est trop tard ce n'est pas complètement foutu pour avoir 5h 30 de sommeil!
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N0N4M3 :
Citation de kumazsp
La réponse est que si ce clone est exactement notre copie conforme a un moment T, il n'est plus le même a l'instant T+1, tout comme l'autre, mais d'une manière différente en plus, puisque ils analysent chacun la situation de leur point de vue respectif et donc ne sont plus comparable puisque différent.
Me trompes-je?

Exactement; même si le clone a les mêmes comportements, le fait qu'il ne vive pas exactement la même chose fera de lui une personne différente.
Mais le problème de fond est le même, le clone n'est pas moi puisque je n'ai pas conscience d'être dans son corps.
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Akioh :

Il y a ce problème qui est que l'esprit transcende la matière. Ainsi on ne peut pas pour le moment réduire quelque chose comme la conscience de soi à un simple assemblage chimique que l'on peut déconstruire et reconstruire à volonté. Comme de dire ma conscience est 3 pièces de légo, si je détruit ces 3 pièces et que je reconstruit une conscience avec 3 pièces identiques mais différentes, alors ce n'est plus la même conscience individuelle, c'est une nouvelle, avec les mêmes caractéristiques, mais l'original est mort, n'existe plus, ne ressent plus.
Moralité : éloignez vous des futurs téléporteurs de la RATP si vous voulez pas qu'un double de vous prenne votre place.

Mais c'est vrai que l'idée de se dire qu'on change au fur et a mesure est effrayante. Finalement est ce que le moi d'il y a 2 minutes n'est il pas mort et entérré, remplacé silencieusement par le moi actuel qui lui même est déjà en train de disparaitre ?
On a une certaine unité qui se crée par rapport a notre environnement, ça passe par des souvenirs, que nous avons ou que les autres ont de nous. Ainsi même si tous les neurones d'un type de 15 ans ont été remplacés plusieurs fois quand il en a 80, il se conserve une impression d'unité vis a vis du moi, parce que le grand père en question garde quelques souvenirs de son "moi" enfant, d'autres gens en gardent, il en a laissé des traces dans son environnement...même si le personnage "15ans" et celui "80ans" ne sont plus la même personne. Trop de changements de l'un a l'autre.
Si on n'avait pas tout ce contexte qui nous unifie, si on vivait dans un monde immatériel sans limites physiques, on pourrait peut être admettre que le "moi" n'existe pas, qu'on est tout le monde et personne, une liste sans fin de morts, de renaissances, de changements.
J'ouvre alors la piste suivante partant de là : "ne suis je pas le produite exclusif de mon environnement ?".

En tout cas il me semble que cette histoire de "moi" est un concept propre au langage (on a vu que des jeunes enfants ne parlant pas encore ont beaucoup de mal a conceptualiser l'individualité sans utiliser des mots comme "je" ou "tu").
On prend conscience du "je" lorsqu'un quelqu'un d'autre apparait une première fois pour nous dire "tu". On se met alors a considérer notre caractère individuel.
Donc le moi  et l'identité individuelle sont très liées au langage, et a la conscience (on a d'ailleurs repreché au cogito de Descartes "je pense donc je suis" qu'il n'y a rien garantit que c'est un "je" qui pense, un simple abus de langage a ce moment là ?).
Ce que je veux dire c'est que l'identité part de la capacité a penser (avec les mots j'ai envie de dire), donc de là je rejetterai ta thèse Kuma sur les gènes. Les gènes ne sont qu'un code présent en nous, mais ne constituent pas l'unité propre a notre conscience. On peu avoir des gènes sans être capable de penser, et si on est pas capable de penser, comment conceptualiser le moi ?

Citation de N0N4M3
Mais le problème de fond est le même, le clone n'est pas moi puisque je n'ai pas conscience d'être dans son corps.
Tiens je fais une BD là dessus.
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Vous :  ...






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